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Barthes :

Roland Barthes s’est beaucoup intéressé aux mythes contemporains, qu’il considère comme des « paroles ». Son étude de la Citroën DS est restée célèbre. Barthes en analyse les représentations du mythe, les formes, la matière…, le concept, le sens, les idées qui s’y rattachent et le message qui se cache derrière.

Barthes analyse également la structure des récits et distingue des « fonctions » (actions), des « indices » et des « informations » (caractère, identité des personnages, atmosphère).

http://www.roland-barthes.org/

Deleuze :

Notre cerveau capte l’action qui se joue dans le récit, et traite les

signaux reçus pour envisager les différentes réactions

possibles. Le choix oscillera entre deux extrêmes : la réaction rapide et la réflexion avec parfois l’absence complète de réaction.

http://www.webdeleuze.com/

Foucault :

Le vrai et et le bon sont déterminés par des institutions qui influencent nos perceptions. Ce vrai et ce bon sont diffusés sous forme de discours (récits), qui deviennent des standards sociaux.

http://michel-foucault-archives.org/

Ricoeur :

Il y a une interaction entre « le vécu » (la réalité) et « le raconté » (la narration), l’un étant nécessaire à l’autre.

http://www.fondsricoeur.fr/

Bakhtin :

Tout récit est ainsi dialogique, c'est-à-dire qu’il est conçu et prononcé en réponse à un récit précédent et en anticipant un récit qui viendra lui répondre.

http://www.public.iastate.edu/~carlos/607/readings/bakhtin.pdf

En résumé :

Barthes, Deleuze, Foucault et Ricoeur

Roland Barthes s’est beaucoup intéressé aux mythes contemporains, qu’il considère comme des « paroles ».  Son étude de la Citroën DS est restée célèbre. Barthes en analyse le signifiant (les représentations du mythe), les formes, la matière… ; le signifié (le concept, le sens, les idées qui s’y rattachent) ; et la signification (le message qui se cache derrière), une « spiritualisation » de la voiture qui incite à l’achat.

Barthes analyse également la structure des récits et distingue des « fonctions », des « indices » et des « informations ». Si les fonctions caractérisent des actions,  qu’il s’agisse de moments de tension liés à des risques, ou de moments plus calmes emprunts de sécurité, les indices et les informations viennent apporter des précisions utiles à l’histoire (caractère, identité des personnages, atmosphère…).

Les recherches de Barthes l’ont aussi amené à conclure que le sens d’un écrit ne pouvant provenir de son auteur, c’est le lecteur qui doit s’en charger à travers une analyse de texte. Une approche également intéressante pour le storytelling.

Gilles Deleuze a analysé l’univers du cinéma et son impact, en concluant que notre cerveau capte l’action qui se joue, et traite les signaux ainsi reçus pour envisager les différentes réactions possibles. C’est cet éventail de réponses possibles qui constitue notre perception de l’action, et le choix oscillera entre deux extrêmes, la réaction rapide et la réflexion qui débouchera parfois sur l’absence complète de réaction. Des concepts très intéressants pour aborder les effets du storytelling.

Michel Foucault étudie l’influence des pouvoirs sur nos perceptions. C’est ainsi que ce qui est vrai et bon est déterminé par des institutions qui influencent nos perceptions. Ce vrai et ce bon sont diffusés sous forme de discours (récits), qui deviennent des standards sociaux et tout ce qui y déroge est considéré comme faux. Nous sommes au final subjugués par ces discours et nous finissons par nous auto-discipliner pour écarter tout ce qui ne va pas dans leur sens. Mise en garde contre d’éventuelles dérives du storytelling, appel à la formation d’histoires plus individuelles et laissant une liberté à l’auditeur… A chacun d’interpréter ces concepts.

Paul Ricoeur mérite également l’attention pour ses travaux sur la mise en intrigue du récit (différents éléments sont rassemblés dans une unité de temps et d’action). Essentielle pour donner du sens, cette mise en intrigue illustre aussi l’interaction que Ricoeur identifie entre « le vécu » (la réalité) et « le raconté » (la narration), l’un étant nécessaire à l’autre. Encore un point théorique bien utile pour comprendre les mécanismes et les effets des histoires.

Bakhtin

Mikhail Bakhtin n’est pas le plus connu des philosophes du 20ème siècle (il était également sémioticien et critique littéraire),  mais ses travaux ont servi de base d’étude à de nombreux chercheurs en storytelling.

Le dialogisme est l’un des concepts clés de Bakhtin, dont le storytelling peut tirer parti. Tout récit est ainsi dialogique, c'est-à-dire qu’il est conçu et prononcé en réponse à un récit précédent et en anticipant un récit qui viendra lui répondre.

C’est donc un processus dynamique, continu, à plusieurs voix, bien en phase avec les histoires du storytelling contemporain, notamment dans l’univers numérique. Bakhtin explicite ses idées en racontant l’histoire d’un homme dont la femme vient de se suicider, et qui tourne en rond en cherchant des explications, qu’il se raconte d’abord à lui-même, puis à un auditeur invisible, puis à un hypothétique juge, ce qui l’amène progressivement vers la vérité.

Sa conception de la personnalité humaine est complémentaire. Pour Bakhtin, c’est « moi tel que les autres me voient » qui détermine notre identité d’être humain, ce qui place l’auditeur des histoires au premier plan ; et l’incorporation de nos perceptions dans la formation de l’identité d’autrui complète cette vision, avec donc une interaction qui fait du héros d’une histoire non pas une individualité mais le fruit d’une construction collective. Trois dimensions -cognitive, esthétique et éthique- sont alors en interaction.

Bakhtin, c’est aussi la primauté du contexte d’une situation sur le texte qui en fait la narration (hétéroglossie), ce qui relativise quelque peu la performance de celui qui met au point et raconte une histoire.